samedi 10 juillet 2010

Comment être à côté de la plaque...

Suivez donc le modèle de Christine Delphy.

Je viens de lire un de ses article assez ahurissant, où je ne crois pas avoir déceler un seul passage un tant soit peu crédible. C'est ici: http://lmsi.net/spip.php?article1068

Ainsi, notre État bienveillant serait dirigé par des "laïcards" (j'aimerais savoir de qui elle parle) qui en fait seraient des athées acharnés, ayant la volonté d'interdire à quiconque d'exprimer publiquement sa religion. Que certains laïcards soient des racistes déguisés (ou des cathos déguisés), j'en conviens et surtout en ce moment où ce sont quand même bizarrement souvent les mêmes qui prennent dans la gueule. Mais ce n'est pas le propos de l'article en question puisqu'apparemment les religions seraient sur un pied d'égalité en France et n'auraient qu'un ennemi très intolérant: les athées.

C'est d'abord amusant, chez Christine Delphy, cette façon de mélanger croyance personnelle (en un dieu, les martiens ou je ne sais quoi) et religion. Pour moi la différence est clair: un individu peut croire ce qu'il veut, mais les religions et leurs clergés constituent des forces politiques qu'il convient de combattre, si on se place d'un point de vue a minima socialiste (s'il faut préciser, pas socialiste du PS). Et je rajouterais que l'athéisme n'est sûrement pas une religion puisqu'il n'y a pas de croyance (l'athée ne croit pas, il constate juste que dieu est une invention humaine et n'a pas d'existence matérielle).

Il faudrait par ailleurs rappeler à Christine que la séparation de l'Église et de l'État n'est point achevée en Alsace, ce qui remet tout de même un peu en cause la thèse d'un pouvoir athéiste... Certes, l'article date de 2007, mais puisqu'il est publié à nouveau dans son dernier ouvrage, il faut croire que les événements de ces dernières années n'ont pas troublé la féministe. À vrai dire, il n'y a rien eu de bien nouveau avec Sarkozy, mais le style "bulldozer" a quand même le mérite (ou devrait l'avoir) de faire un peu ouvrir les yeux sur la réalité des relations entre État et religions (florilège ici: http://www.atheisme.org/sarkozy.html).

Il est clair que l'État a besoin des religions, et surtout a besoin d'exercer un certain contrôle (puisque je le rappelle, ce sont des forces politiques) sur elles. Tout comme les syndicats, certaines religions (ou plutôt certains courants religieux) sont désignés par le pouvoir comme fréquentables tandis qu'on en écarte d'autres. Alors que la religion est un outil de contrôle social réactionnaire et anti-scientifique, l'athéisme ou l'agnosticisme, la non-adhésion à une religion sont des vecteurs d'émancipation et ne sont jamais explicitement encouragés par l'État, quel qu'il soit. Qu'une féministe soit aussi tolérante envers les religions tout en plaçant les athées du mauvais côté de la barrière, cela en dit long sur l'état idéologique d'une certaine gauche.